Comment lutter contre les « infox » (fausses informations) en santé ?

À l’ère du digital, les fausses informations et plus particulièrement les fake news dans le domaine de la santé, bénéficient d’un écho en ligne sans précédent. Mais l’attrait pour la rumeur en matière de santé n’est pas nouveau. En 1970, un faux tract soi-disant publié par l’hôpital Gustave Roussy présente une liste d’additifs alimentaires classés en fonction de leur toxicité et censés être toxiques et cancérigènes. Parmi eux figurent le E330 correspondant à l’acide citrique présent dans de nombreux fruits, dont le citron, qui est donc totalement inoffensif pour la santé. Cette fausse information circule toujours aujourd’hui et surfe sur la difficulté à déchiffrer ces codes par un public non averti.

L’avènement des réseaux sociaux a modifié de façon radicale notre façon de nous informer et de faire circuler les informations qu’elles soient de qualité ou non. Internet regorge d’informations et il est parfois difficile de discerner le vrai du faux surtout quand ces informations explorent les failles de notre rationalité et font appel à notre crédulité.

Comment se créent ces fausses informations ?

Une des méthodes les plus utilisées consiste à s’appuyer sur des sources pseudo scientifiques généralement anglophones. Pour la majorité d’entre nous, il est alors très compliqué d’évaluer la fiabilité de ces articles et de leurs sources. Les sites qui diffusent ce genre d’informations vivent généralement de la publicité et ont donc intérêt à enregistrer un maximum de visiteurs. Ils industrialisent la rumeur pour en faire leur fonds de commerce. La même annonce tonitruante de remède miracle sera publiée des dizaines de fois sur Facebook, Instagram ou TikTok pour gagner un maximum de visibilité et vous vendre ainsi d’autres produits ou récolter vos données personnelles et les revendre par la suite !

Quelles conséquences peuvent avoir ces « infox » sur la santé ?

Les messages sensationnalistes qui créent de la peur ou de la méfiance peuvent avoir de graves conséquences sur notre santé. Ils peuvent semer le doute sur des mesures de prévention comme le port du masque en temps d’épidémie, détourner des malades des traitements recommandés par le monde médical au profit de remèdes miracles, surtout pour leur porte-monnaie, et retarder la prise en charge de pathologies parfois graves.

Comment lutter contre les fausses informations en matière de santé ?

La première des mesures est sans aucun doute de diminuer la visibilité sur les réseaux sociaux de ces informations erronées au profit de la diffusion d’informations fiables et validées par la communauté scientifique. Un règlement européen de 2024, le Digital Service Act, va dans ce sens en responsabilisant les plateformes numériques sur la qualité des contenus publiés. L’Inserm (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale) cherche aussi à déconstruire les fausses informations sur des sujets d’actualité propices aux rumeurs afin de contrebalancer les mensonges largement diffusés sur Internet. 
 

Comment repérer une fausse information ?

Voici quelques conseils pour tenter de déjouer une infox :

• Se demander comment cette information vous est parvenue. En clair, on se méfie du bouche à oreille et on privilégie les informations reçues sans intermédiaire depuis des médias sérieux : Organisation Mondiale de la Santé, site du gouvernement, Ameli…
• Se méfier aussi des titres racoleurs avec de nombreux superlatifs : révolutionnaire, miracle, secret ou de points d’exclamation : « Enfin un remède miracle contre le cancer !!!! »
• Identifier la source de l’information en recherchant qui est cet éminent spécialiste qui a trouvé le remède avec les 3 points d’exclamation. Vous pouvez aussi recouper les informations avec d’autres sites plus reconnus par exemple ou encore mieux, avec votre médecin traitant.
• Se méfier des sites qui insistent lourdement pour que vous partagiez cette « super » nouvelle avec votre entourage. Une rumeur n’existe que parce qu’on l’aide à se propager.
• Ne pas être trop sûr de soi : on peut tous se laisser berner par un produit miracle, un remède de grand-mère… Il est important d’essayer de prendre du recul et de maîtriser ses émotions.
• Enfin, n’hésitez pas à signaler un contenu qui vous semble illicite en vous rendant sur Pharos, le portail du ministère de l’Intérieur dédié au signalement de contenu illicite sur Internet.